écriture sur la structure d'un texte existant
Textes de départ (avant leur dépeçage):
1) La foudre a frappé, à Dunkerque, des poseurs de paratonnerres. L’un d’eux tomba de 45 mètres dans la suie sans se tuer.
2) Avec un couteau à fromage, le banlieusard marseillais Coste a tué sa sœur qui, comme lui épicière, lui faisait concurrence.
3) Battant le champion français, qui ne put danser que quatorze heures, M. Guattero était, à minuit vingt-sept, vainqueur du concours de valse.
Félix FÉNÉON, Nouvelles en trois lignes
La foudre a frappé un soir, à minuit, des hommes qui se promenaient. L’un d’eux s’est évanoui dans la nature sans jamais donner de ses nouvelles.
Avec un trois mâts, le capitaine Coste a longuement navigué sur sa mer qui, comme lui avec sa propre mère, lui faisait sans cesse des misères.
Battant le champion de l’an passé, qui ne put arriver que dernier bien que dopé, M.Guattero était, à quatre-vingt-dix ans, vainqueur du tour de Russie à bicyclette.
Sabine
La pauvreté a frappé aveuglement, à nouveau, des milliardaires. L'un d'eux habite désormais dans la Creuse sans eau courante.
Avec un sang froid admirable, le colonel Coste a assassiné sa belle-mère qui, comme lui militaire, lui faisait perdre ses moyens.
Battant le tenant du titre, qui ne put remporter cette fois-ci que son sac de sport, M. Guattero était, à première vue, vainqueur du tournoi de pétanque.
Pascal
La voisine a frappé violemment à la porte des faux-monnayeurs. L'un d'eux s'est jeté dans la cage d'escalier sans emporter aucun faux billet.
Avec un chapeau à la main, le président Coste a salué sa secrétaire qui, comme lui discrètement amoureuse, lui faisait un grand sourire.
Battant le tenant du titre, qui ne put rien faire d'autre que s'incliner, M. Guattero était, à 17 ans à peine, vainqueur du championnat de crachats dans la Seine.
Vanessa
parler pour ne rien dire
Mes chers concitoyens,
Mes chers Bellerivois, Mes chères Bellerivoises,
Madame le Président du Conseil général
Mesdames et Messieurs les Conseillers généraux,
Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,
Chers amis, chères amies,
C’est avec une vive émotion que je vous retrouve ce samedi matin, sous un beau soleil certes mais par une température très froide, il est vrai que nous sommes en hiver, au bord de notre très chère rivière, la Vesgre.
Nombreux vous êtes venus et j’en suis très touché.
Vous auriez pu rester dans votre lit après cette difficile semaine de travail mais vous avez tenu à venir. Vous auriez pu aller faire vos courses au supermarché en vue du week-end ou de la semaine qui s’annonce. Mais vous êtes là et je vous en remercie.
Regardez-le ! N’est-il pas magnifique ! Je sais que vous l’avez tant attendu !
J’ai pour ma part beaucoup œuvré pour que les deux rives de notre ville soient enfin réunies. Vous le savez, vous l’aviez compris, et c’est surtout pour cela que vous m’avez élu, cette réunification, ce lien entre nos deux rives, mais surtout entre nos vies, me tenait à cœur.
Demain, mais que dis-je, dès à présent vous pouvez dire : « enfin ! »
Et c’est avec satisfaction, et, à nouveau, beaucoup d’émotion, que je vous dis marchons, avançons, traversons ce pont et retrouvons-nous tous ensemble réunis grâce à lui !
Sabine
Le mot du maire dans la gazette du hameau
Mes chers administrés,
Vous m'avez élu à la mairie de Petit-pont-Sous-Bois le mois dernier, et je vous en remercie.
Notre nouvelle équipe s'est déjà mise au travail pour apporter à notre hameau le souffle nouveau auquel il aspire. Nous avons décidé de donner la priorité à l'entretien des routes et à la réfection de l'église, action que mon prédécesseur avait mise en chantier avant mon arrivée. Dans la lignée de ce renouveau architectural, nous poursuivrons la construction d'abri-bus le long de la grande route.
Un autre champ d'action que je vais privilégier pendant mon mandat est l'éducation. Aussi je renouvelle le contrat de notre institutrice Mademoiselle Prune, et je maintiens ouverts les trois niveaux de notre école. L'action de mon équipe s'étendra à tous les aspects de la vie quotidienne de Petit-pont-Sous-Bois, puisque les personnes âgées continueront de recevoir leur ballotin de chocolats à Noël et à Pâques, les enfants auront toujours accès aux balançoires derrière la mairie, et dès cet été, comme les années passées, vous aurez le plaisir de revoir Pélican le marchand de glaces.
Afin de financer ces actions tous azimut, nous prélèverons inévitablement des impôts locaux, sans pour autant les augmenter d'un centime; et nous les redistribuerons sous forme de services publics dans les mêmes proportions que l'an dernier. Quant à la "gazette trimestrielle du hameau", elle vous sera désormais adressée tous les trois mois.
Je vous remercie d'avoir choisi le changement en votant pour moi. Ensemble, nous allons accomplir de grandes choses.
Bien à vous,
votre nouveau maire: M. Paul Nouvel.
Vanessa
Discours de politique économique
Aujourd'hui mes équipes et moi avons pris des décisions qui vont décider de l'avenir de notre région. De nos jours, nul ne peut prédire ce qui se passera dans les décennies à venir. Et tout politicien s'aventurant sur ce terrain miné fait preuve d'un manque d'honnêteté inacceptable de la part d'un représentant du peuple. Je vous rassure, je n'ai pas cette conception des choses et je me refuse donc à dévier de la ligne de conduite que je me suis fixée et qui repose sur le respect des électeurs qui m'ont fait confiance. Il ne s'agit donc pas pour moi de vous tromper ou de vous bercer d'illusions. Je serai donc franc avec vous concernant les décisions économiques que j'envisage de mettre en oeuvre pour faire face à la crise qui affecte actuellement notre pays et rend le quotidien difficile pour certains de nos compatriotes.
Une mesure économique, pour être efficace, se doit de reposer sur des faits et non sur des hypothèses d'intellectuels enfermés dans leur tour d'ivoire. Je ne travaille pas avec des intellectuels dans liens avec la realite, je m'appuie sur des équipes de terrain qui sont à l'écoute des problèmes que rencontrent les habitants de notre région. Et ces problèmes sont nombreux, comme vous le savez. Alors que faire ? Bien sûr, céder à la morosité ambiante ne permettra pas de faire avancer les choses et de redonner à notre région le dynamisme qui la caractérise. Voici donc ce que je propose : relancer l'activité, permettre une augmentation du pouvoir d'achat qui passe inévitablement par une baisse du chômage. Nous devons permettre aux entreprises de s'installer et d'embaucher dans notre région. Sans entreprises et sans emplois, notre région court à la catastrophe. Je mettrai tout en oeuvre, je ferai tout mon possible, pour que ce désastre ne se produise pas !
Être un élu du peuple, c'est agir de manière responsable, c'est assumer ses actes et ses décisions. J'endosse la responsabilité de l'engagement que je prends aujourd'hui devant vous, celui de stimuler la croissance et de permettre d'envisager, ensemble, dans dix, vingt, voire trente ans, un quotidien meilleur pour tous qui fera l'envie d'autre régions moins favorisées.
Pascal
Un texte centré sur une odeur
A contre-courant des passagers qui descendaient du train de banlieue, je me hâtais en direction du wagon de tête. Je montais toujours en tête de train de manière à me retrouver juste en haut de l'escalator à ma descente, ce qui me donnait l'impression de pouvoir rentrer plus rapidement chez moi. Mes pensées étaient accaparées par mes problèmes professionnels et, comme bon nombre des personnes qui composaient cette foule bigarrée, j'arborais très probablement le visage triste et fatigué du salarié peu enthousiasmé par son emploi. Je m'apprêtais à monter dans le train quand un parfum féminin me sortit de ma stupeur. Je ne sais pas qui des dizaines de passagers qui descendaient du wagon portait ce parfum mais je fus immédiatement transporté dans le temps.
Mme Maquère... C'était ma première institutrice de maternelle. Certes, ma mémoire ne me permettait pas de discerner les traits de son visage mais je ressentais de manière très présente l'atmosphère de la salle de classe et la gentillesse qui émanait de cette jolie institutrice aux longs cheveux noirs. Les épisodes de ma petite enfance se succédaient en désordre tel un kaléidoscope hypnotique.
- Non, je ne veux pas toucher le serpent!
- Mais tu ne crains rien, je t'assure. Tu verras que sa peau n'est pas humide ou même collante mais au contraire très sèche.
Même adulte, je me demandais encore pourquoi je n'avais pas osé toucher le serpent qui nous était présenté sous le préau.
Je n'aimais pas ce préau où ma mère me déposait le matin. Je n'en aimais pas l'odeur, surtout les jours de pluie.
J'avais beau aimer mon institutrice, je trouvais ennuyeux de devoir faire la sieste l'après-midi alors que je n'avais pas sommeil. Heureusement, mon coussin vert me tenait compagnie. Chaque enfant avait en effet la possibilité d'apporter son coussin. Le mien était comme un petit morceau de chez moi qui me rassurait dans cette pièce bien sombre.
Et Fernando qui m'avait jeté du sable dans les yeux alors que je ne lui avais rien fait. Maintenant je craignais la cour de recréation.
Et il m'avait traité de Bébé Cadum mais je ne savais pas ce que ça voulait dire mais je devinais que ce n'était pas gentil. Fernando était un méchant et je devais m'en méfier.
Et dire que quelques années plus tard, au CM1, j'allais le retrouver dans ma classe et en faire mon ami. Tiens, qu'était devenu Anabelle ? je l'aimais bien. Elle était rigolote.
Et les souvenirs s'enchaînaient et m'entraînaient hors du temps.
Le voyage dans le temps, ça ne nécessite pas de machine sophistiqué. Juste une odeur. Mais chez moi, les réminiscences ne donnent pas lieu à un récit de qualité proustienne, malheureusement.
Pascal
« C’était ce matin, Docteur. Quand je me suis réveillée, je n’ai rien remarqué. Bien évidemment d’ailleurs car on est toujours un peu endormi, un peu pressé car le lundi c’est le premier jour de la semaine et qu’il faut que l’on reprenne notre rythme habituel. J’ai fait ma toilette, j’ai pris une douche, je me suis enduite de crème des pieds à la tête, je me suis maquillée, habillée puis coiffée. Et c’est dans la cuisine. Je préparais mon petit-déjeuner. Soudain j’ai regardé la cafetière, puis le grille-pain, puis la corbeille de fruits qui était sous mon nez, puis le pot de confiture que je venais d’ouvrir et que je tenais encore dans la main. J’ai mis le nez dans le pot, j’ai senti une pomme, j’ai arrêté le grille-pain et sorti les deux tranches qu’il contenait, et je me suis servie du café. Rien, absolument rien ! Je me suis précipitée à la salle de bains. J’ai pris le savon, ouvert le pot de crème, approché mon nez du tube de rouge-à-lèvres. Rien, absolument rien. Alors, et mes mains tremblaient, je me suis emparée de mon flacon de parfum et j’ai vaporisé du parfum dans l’air, comme ça, autour de moi, encore et encore. Mais rien, toujours rien ! Je me suis dit qu’il ne fallait pas que je panique car cela ne ferait qu’aggraver mon état, sans aucun doute. Alors j’ai fait comme si de rien n’était. Je suis retournée dans la cuisine pour prendre mon petit-déjeuner. Puis dans la salle de bains pour me brosser les dents. C’était la même chose avec le dentifrice, Docteur. Mais je me suis répétée, le tube sous le nez : « Faire comme si de rien n’était » et je suis partie à mon bureau. Dehors, c’était comme les autres jours et il pleuvait. Mais rien Docteur, absolument rien. L’humidité, les gaz d’échappement des voitures arrêtées au feu, la cigarette de l’homme qui marchait devant moi, le parfum de ma voisine dans le bus. Rien, absolument rien. Mais je restais calme, attentive et je sentais, enfin j’essayais. Une fois arrivée à mon bureau, j’ai commencé à paniquer. J’ai ouvert un dossier et approché les feuilles qu’il contenait de mon nez. Le papier, rien. L’encre, rien. Dans le tiroir, j’ai pris mes stylos et, un par un, je les ai ouverts. Mais rien. La gomme non plus. Je me suis précipitée à la machine à café et, sans un regard pour mes collègues, j’ai commandé thé, café, jus d’orange et potage à l’oignon. Toujours rien. Alors je suis sortie. Sans rien dire à personne. Et dans la rue j’ai tout essayé : l’odeur des pains au chocolat à la boulangerie, l’odeur du poulet dans la rôtisserie devant la boucherie, l’odeur du chlore à la piscine, l’odeur de la laque chez le coiffeur, au supermarché j’ai ouvert les bouteilles de nettoyants ménagers, et même, Docteur, l’odeur de l’encens à la messe. Et je suis venue vous voir. Aussi vite que possible, en me disant que, peut-être, le plus tôt serait le mieux et que j’avais déjà beaucoup tardé. Dites Docteur, si j’ai perdu l’odorat, est-ce que je peux aussi perdre le goût, le toucher, l’ouïe et la vue.
Sabine