Atelier d'écriture
L’atelier d’écriture est l’occasion de jouer avec les mots, de faire entendre sa voix, d’écouter celle des autres, de se découvrir. C’est avant tout une expérience ludique, le plaisir de réaliser quelque chose et de le partager. À chaque séance l’animatrice propose de nouvelles consignes, qui servent de point de départ à l’écriture. Cette règle du jeu, par son aspect contraignant, permet de libérer l’imagination. On n’est plus devant une inquiétante page blanche, mais devant une proposition d’écriture, qu’on pourra à son gré suivre de près ou subvertir discrètement. C’est ce qui fait tout le sel de la lecture des textes : on se rend compte que chaque participant a traité la consigne de façon personnelle, provoquant la surprise, le rire ou l’émotion. Les échanges, qui se font dans un esprit curieux et bienveillant, permettent à chacun de prendre du recul sur son propre texte.
Atelier n°6
Proposition n°1 : rédaction d'une liste
Chacun fait une liste détaillée de 5 à 10 choses qui lui font peur.
Proposition n°2 : dialogue entre deux personnages
Parmi des papiers pliés, chacun pioche deux noms de personnages stéréotypés (cowboy, martien, pompier…, puis les fait dialoguer.
Proposition n°3 : écriture à partir d'un titre
« Où vont les nuages ? »
Quelques textes du 6e atelier
Liste de choses effrayantes
Pascal
- les araignées;
- quand le métro s'arrête dans un tunnel et que la lumière s'éteint;
- les clowns, surtout s'ils ont un un énorme sourire en maquillage;
- quand je me rends compte que ma "box" est débranchée, et que je suis donc injoignable depuis au moins une heure;
- les machines pour réparer les trottoirs, qui vibrent bruyamment et semblent sur le point d'exploser;
- les gros chiens qui n'ont pas mis de muselière à leur maître;
- les caves mal éclairées avec des fantômes de souris qui courent le long des murs.
Personnages : fée - anarchiste
Paris, 1902.
Une petite chambre sous les toits.
Sur une table, des clous et des pièces de métal, un petit tas de poudre, un réveil-matin. Assis sur une chaise, Jules est en train de lire un fasicule intitulé "Comment fabriquer une bombe anti-tyran". Soudain, une jeune femme, vaporeuse mais très belle, apparaît devant lui.
Jules : Qui êtes-vous? N'approchez pas, c'et privé, ça ne vous regarde pas. Allez-vous en, ou bien...
La fée : Ou bien vous appelez la police?
Jules : Et pourquoi pas? Je suis chez moi, laissez-moi tranquille, espèce de bourgeoise.
La fée : Moi aussi je crée des explosion; mais moi je le fais pour tuer le temps, pas les tyrans. Regard...
Jules : Mais qu'est-ce que tu fais? Mes vis! Elles ont toutes explosé.
La fée : Je te l'ai dit, ça m'amuse; j'ai besoin de distractions. Il n'y a pas grand-chose à faire, chez toi.
Jules : Je ne te retiens pas! Et d'abord, qu'est-ce que tu fais là?
La fée : Je t'observe, Jules. Je te regarde préparer tes bombinettes, c'est fascinant de voir les humains se concentrer sur des âneries pendant des heures.
Jules : Tu ne sais pas de quoi tu parles. Grâce à moi, bientôt le pays sera débarrassé de ses exploitants, et ce sera le début d'une ère nouvelle.
La fée : A ton âge, tu devrais courir les filles, ça te ferait du bien. Je te vois ici toujours tout seul, ou alors avec des ennuyeux qui fument la pipe et te montent la tête avec leur politique; tu n'aimerais pas plutôt découvrir les joies de l'amour?
Jules : C'est bien une parole de bourgeoise. Nous, les prolétaires, n'avons pas le temps de butiner.
La fée : Je ne suis pas une bourgeoise, ni une prolétaire, ni aucune de ces vulgaires catégories humaines. Je suis la fée Isilde. Je me suis rendue visible pour toi car tu m'intéresses.
Jules : J'ai trop forcé sur l'absinthe, voilà que je vois des fées, maintenant.
La fée : Approche, mon garçon. Je te donne une nuit, il sera bien temps de retrouver tes explosifs demain matin, si tu en a encore le goût après cette nuit.
Jules : Le peuple a besoin que je le libère, est-ce que je peux le faire attendre encore une nuit?
La fée : Mais oui, mon chéri. Viens avec moi sur le lit.
D'un geste, elle fait disparaître tout ce qui jonchait la table. Le lit devient immense. Juiles la suit.