Atelier d'écriture
L’atelier d’écriture est l’occasion de jouer avec les mots, de faire entendre sa voix, d’écouter celle des autres, de se découvrir. C’est avant tout une expérience ludique, le plaisir de réaliser quelque chose et de le partager. À chaque séance l’animatrice propose de nouvelles consignes, qui servent de point de départ à l’écriture. Cette règle du jeu, par son aspect contraignant, permet de libérer l’imagination. On n’est plus devant une inquiétante page blanche, mais devant une proposition d’écriture, qu’on pourra à son gré suivre de près ou subvertir discrètement. C’est ce qui fait tout le sel de la lecture des textes : on se rend compte que chaque participant a traité la consigne de façon personnelle, provoquant la surprise, le rire ou l’émotion. Les échanges, qui se font dans un esprit curieux et bienveillant, permettent à chacun de prendre du recul sur son propre texte.
Atelier n°5
Proposition n°1 : Variations sur le cadavre exquis
Trois structures successives :
- Pourquoi... ? Parce que...
- Qu'est-ce que (c'est que)... C'est / ça sert à...
- Comment... En...
Proposition n°2 : Vendre l'invendable
Chaque participant choisit quelque chose d'invendable par nature et en fait l'article.
Proposition n°3 : Écrire en couleur
Chacun se voit attribuer une couleur différente, et écrit un texte imprégné de cette couleur.
Quelques textes du 5e atelier
Cadavres exquis
Pourquoi les pommes de terre ont-elles des yeux?
Parce que le permis de conduire n'est pas fait pour les chiens.
Pourquoi les perroquets ne bégaient-ils pas?
Parce que Toby avait la rage.
Pourquoi on ne voit rien dans le noir?
Parce qu'ils ne sont pas assez fous.
Pourquoi n'entend-on pas les oiseaux chanter en hiver?
Parce que le fil de pêche, ça sert aussi à faire des colliers de perles.
Pourquoi en ce jour si ensoleillé, cette jeune fille se ballade-t-elle sous un parapluie troué?
Parce que le bleu et le jaune font du vert.
Qu'est-ce que la nougatine?
C'est un paravent japonais décoré de fleurs.
Qu'est-ce qu'un merle moqueur?
C'est un produit stupéfiant d'origine sud-américaine que les Indiens employaient au cours de certaines cérémonies religieuses.
Qu'est-ce qu'un dinosaure à vapeur?
C'est un jeune soldat prêt à éplucher des patates.
Qu'est-ce que le bonheur?
C'est une machine à trier les haricots.
Qu'est-ce qu'un Doumpala?
C'est un truc qui gigote et qui grince.
Comment a été inventé le roquefort?
En bougeant très vite les doigts de pied.
Comment fait-on les enfants?
En chantant à tue-tête "Vive les marins!"
Comment fait-on la pâte à choux parfumée à la choucroute?
En se grattant les pieds sans ouvrir les yeux.
Comment Hitler a-t-il accédé au pouvoir?
En élevant la note de deux octaves.
Comment les mouches se prennent-elles en photo?
En évitant les écureuils sur le bord de la route.
Vendre l'invendable
Écrire en couleur
Blanc, le blanc…. Drôle de couleur paradoxale. Froide et lumineuse à la fois, écrasante et porteuse de potentialités, angoissante et stimulante.
Comment ne pas penser à la page blanche à l’instant ? Celle qui convoque l’imaginaire et ouvre le champ des possibles. Le blanc symboliserait-il alors la liberté ?
Représentant de la demande de paix parfois quand il se brandit en drapeau, le blanc permet d’effacer ses erreurs, de repartir à zéro.
Il drape les mariées de la promesse d’écrire une belle histoire à deux.
Il rappelle le lait maternel, évoque la douceur du coton.
Il dévoilé les trous de l’esprit, symbolise la pureté.
Il atténue les autres couleurs en se mêlant à elles.
Le blanc est indissociable de la neige : glaçant et féérique.
Il masque et il révèle.
Il sème la zizanie quand il est pris en référence ethnique disqualifiant les autres couleurs de peau.
Par là-même il se montre illusoire et violent, surtout lorsqu’il se place en idéal rejetant.
N’est-ce pas aussi le cas quand il représente la virginité ?
En définitive, le blanc agit tout autant en libérateur qu’en oppresseur normatif : espoir et désespoir qui le distinguent du noir.