Définitions de mots inventés
SPIGUEZOU
n. m. Instrument de musique inventé par les Zazous, qui émet des sons grâce au frottement d’un archet sur les lacets de chaussures.
VRAPOUF
n. m. Gigantesque coussin gonflable destiné à réceptionner les pratiquants de varappe en cas de chute.
TULCRO
n. m. Carré de tulle qui, grâce à un système de fixation sur le cuir chevelu, permet aux futures mariées chauves de se présenter devant l’autel avec un voile sur la tête.
GLOURADIER
v. t. Préférer se reposer au lieu d’effectuer les tâches assignées par son supérieur.
TRIBLOSIEN
n. m. Habitant de la Triblosie, pays réputé pour la fabrication des bloches à dents à trois pieds.
SPIGUEZOU
L'écriture du cliché
Son mari était le puissant avocat d’affaires, Vladimir Sakarov, immensément riche et respecté en raison de ses liens étroits avec les plus influents patrons d’entreprises d’import-export du pays. Il passait le plus clair de son temps dans son bureau ou encore au restaurant, où il appréciait de négocier d’importants contrats. Il quittait le domicile conjugal très tôt le matin et rentrait tard le soir, et retrouvait le plus souvent Anastasia endormie sur le canapé en cuir du salon, alors que l’écran panoramique retransmettait un quelconque soap opéra brésilien.
Anastasia souffrait de plus en plus de cette situation et de sa solitude. Vladimir considérait qu’il gagnait suffisamment d’argent pour deux et l’avait incitée à ne pas travailler. Elle passait donc la plupart de ses journées seule dans leur grande propriété, que pléthore de domestiques, femmes de chambre et jardiniers s’employaient à entretenir et à embellir. Elle s’y ennuyait et ce jour ne fit pas exception. Après son bain de soleil, Anastasia décida d’appeler Natacha, la femme d’un ami proche de Vladimir, afin de partager avec elle ses sentiments et lui demander conseil.
— Mais prends donc des cours de golf ma chérie ! Je connais un professeur extrêmement compétent, Igor Strovasky. Appelle-le de ma part, tu verras, tu ne seras pas déçue… Ça te changera les idées, crois-moi sur parole !
Anastasia n’avait jamais joué au golf — elle avait toujours préféré l’équitation — mais était tellement décidée à rompre la monotonie de son existence qu’elle finit par appeler Igor Strovasky.
Quand il décrocha son téléphone, Anastasia fut immédiatement troublée par la voix grave et sensuelle d’Igor, qui lui proposa de venir dès le lendemain. Les premières leçons pourraient avoir lieu dans l’immense parc de la propriété des Sakarov.
L’amour sera-t-il au rendez-vous ? Emportera-t-il tout sur son passage ? Vous le saurez en lisant le prochain chapitre de notre roman-feuilleton, « À la recherche de l’amour perdu », de Marceline Broust.
Hortense resta quelques instants immobile sur le trottoir d'en face, contemplant avec une terreur mêlée d'admiration l'imposant bâtiment de verre et d'acier. Aurait-elle le courage de pénétrer dans la première entreprise de la région, la Bates Incorporated Company, pour passer un entretien d'embauche ? Elle, l'orpheline modeste et courageuse, qui avait mené de front ses études de marketing et son travail de caissière, et qui avait englouti ses maigres économies dans un tailleur gris perle, un chemisier blanc et des escarpins afin de donner le change ?
Elle se sentait toute petite devant ce grand bâtiment où s'affichaient le nom Bates Inc. en lettres capitales. Prenant son courage à deux mains, Hortense commença à traverser la rue. Soudain, comme elle eut un instant d'inattention alors qu'elle ajustait la bandoulière de son petit sac à mains, elle se sentit partir. Un bruit assourdissant, un choc à la tête ; elle était tombée, renversée par une énorme berline noire qui freina à deux centimètres de sa tête.
Étourdie, Hortense ferma les yeux. Puis elle se sentit soulevée et secouée durement. Une voix mâle demandait instamment :
— Ça va Mademoiselle ? Vous m'entendez ?
La même voix, ferme et un peu rauque, donnait des ordres :
— John, portez-là dans la voiture et allons à l'hôpital, vite ! Hortense essaya de résister, marmonnant : — Mais non, je ne peux pas, je dois...
Mais déjà on la déposait sur le siège capitonné d'une luxueuse voiture, qui s'élança à toute vitesse. À côté d'elle, un homme grand, brun, vêtu d'un impeccable costume italien sur mesure, la regardait avec inquiétude. Quand elle ouvrit ses yeux bleu azur, il eut un sourire qui éclaira d'une flamme nouvelle son visage sévère.
— Vous m'avez fait peur. J'ai cru que mon chauffeur vous avait tuée..
Hortense se redressa sur son siège. Sa main frôla celle de l'inconnu, et elle sentit son coeur s'emballer. C'était un sentiment inconnu. Soudain elle s'écria :
— Il faut que je descende ! Je dois passer un entretien d'embauche à 16h.
— Un entretien ? ou ça ?
— À la Bates Incorporated Company. Je n'ai pas besoin d'aller à l'hôpital, je vais bien. L'homme avait une étrange expression sur son visage viril.
— La Bates Incorporated Company ? Ne vous affolez pas. Je vais vous arranger ça.
— Mais vous ne comprenez pas ! J'ai absolument besoin de ce travail. Oh non ! Ma jupe ! s'écria-t-elle, en voyant l'horrible déchirure sur sa cuisse. C'est fichu !
L'homme sortit d'un étui en cuir de crocodile une carte de visite :
Écrire sans réfléchir
compas, téléphone, calculette, président, magazine, foulard