Tautogrammes
1) Tautogramme en M
Merci ma maman. Maintenant, mes menottes mauves malaxent mon menton méticuleusement. Morbide moi ? Mon moral monte merveilleusement Mummy ! Moi manger mon melon mariné.
2) Tautogramme en D
Débutons, diable, dérivons dans diverses directions ! Dérivons, Derviches dépossédés ! Des damiers diaboliques drainent doucereusement des déraisons dissimulées.
Le personnage :
narrateur omniscient ; narrateur subjectif
Jessica ne rayonne jamais plus que dans sa cuisine, parfaite épouse tout occupée à récurer et à cuisiner jour après jour, l'incarnation même de la femme idéale de notre temps. Sa chevelure auburn lissée, crantée, domptée par un serre-tête, son front dégagé, ses joues aux pommettes rondes, ses lèvres rouge incarnat s'ouvrant sur un discret sourire aux dents blanches, ses grands yeux noisette discrètement soulignés d'un trait d'eye-liner précis, la ligne auburn de ses sourcils épilés dessinant une courbe nette, sa poitrine moulée d'un chemisier blanc repassé de frais, elle virevolte dans sa cuisine où tout brille, tout étincelle, tout se détache impeccablement en couleurs vives. Elle n'est préoccupée que de plaire à son parfait époux, Peter, lorsqu'il rentre de son bureau de la City, et d'élever leur petit Jimmy. Seul point noir de sa vie, ses voisins négligés qui vivent dans un déplorable laisser-aller. Elle a horreur de les croiser. Ils lui rappellent trop son enfance misérable dans l'East End d'avant-guerre.
Depuis son mariage, elle n'a de cesse de repousser le spectre de la saleté et de la pauvreté à coups d'aspirateur, de serpillère, de plumeau, de chamoisine, de cire à linoleum, de patins à frotter. Le petit Jimmy ne peut tacher ses vêtements, ou avoir une mèche de cheveux qui s'écarte de la raie maternellement tracée chaque matin au peigne trempé dans l'eau, sans qu'elle ne se précipite pour le nettoyer, changer ses habits, le peigner et le gronder pour sa négligence. C'est un enfant timoré qui ose à peine respirer et refuse de jouer avec les autres enfants, de peur de se salir. Elle en est ravie et s'extasie de sa sagesse. Dès qu'un jouet est utilisé, il doit être rangé. Il a appris à s'exécuter. Il sait déjà que partout doivent régner l'ordre et la propreté. C'est à ce prix que Jessica surmonte la terreur enfantine de la violence et de la crasse de l'East End des années quarante. Son mariage en 1950 lui a permis de s'échapper vers un nouvel horizon qu'elle chérit, où elle s'épanouit entre les meubles en formica impeccables et inusables de sa cuisine , et ceux en acajou vernis du salon et des chambres.
Jour après jour, la même joie la suffoque au réveil dans ce monde parfait de leur trois pièces-cuisine, au rez-de -chaussée d'une résidence moderne.
Jean-Claude n'a pas eu la vie facile. Son visage émacié garde la trace des épreuves qu'il a traversée depuis l'enfance. Né peu après la guerre, dans une famille déjà nombreuse, il a été envoyé aux champs, comme on disait Il a suivi l'école de loin en loin, dans l'indifférence générale ; à onze ans il s'est retrouvé orphelin et sa soeur la plus âgée, 'la pris chez elle. Après avoir échoué au certificat d'études, il a continué à aider à la ferme familiale pendant quelques années puis a décidé de tenter sa chance ailleurs. C'est ainsi qu'il est devenu vagabond. Pendant des années il a traversé la France, au gré des petits boulots saisonniers: coupe du bois, vendanges, cueillette des fruits... IL faisait aussi de menus travaux selon les besoins. Parfois on le laissait dormir dans la maison ; le plus souvent il se débrouillait dehors avec son sac à dos et son sac de couchage. Jean-Claude se méfie des humains ; il leur préfère la compagnie des chiens. Il a d'abord eu sa fidèle Titoune, puis Brillant ; aujourd'hui son meilleur ami est un sympathique bâtard nommé Pistache. Pistache ne fait pas de remarques désobligeantes sur les habits élimés de son maître, sur son hygiène douteuse, sur ses choix de vie. Il le suit dans ses pérégrinations, partageant les périodes fastes est les moins bonnes. Jean-Claude a maintenant soixante-cinq ans ; il est moins fort qu'avant, mais continue à travailler car il n'aime pas faire la manche. Il en a assez de bouger sans cesse ; il s'est fixé en bordure d'un village dans la Creuse, où on le laisse tranquille. Un habitant lui a offert une petite tente Queshua, un autre une couverture pour lui et une pour Pistache. On aime bien Jean-Claude, malgré ses airs taciturnes. On ne lui poser pas de questions, maison veille à ce qu'il ne soit pas trop mal installé. Jean-Claude de dit rien, mais il apprécie. Il trouve que les gens sont plus doux avec lui maintenant qu'il vieillit. Sans doute fait-il moins peur, avec ses rides et sa moustache grisonnante.
Jamais je n’aurais pensé que ma vie publique serait ce qu’elle fut jusqu’ici.
Alors qu’à 18 ans je vivais encore chez mes parents au Caire et jouais dans l’équipe junior du club de la capitale, mon entraineur vint me voir un matin et me dit : « Mourad, sais-tu qu’un grand club anglais te veut ? » Abasourdi, je l’entendis prononcer le nom de Manchester United. J’en fus complètement affolé et même un peu déçu. Moi qui ne jouais au football que parce que mon père, amoureux de ce sport, m’avait inscrit dès l’âge de 11 an dans le club de la ville, je me voyais propulsé vers le devant de la scène, appelé à devenir peut être une vedette internationale, car Manchester était un des clubs les plus réputés au monde.
J’eus le sentiment de ne plus être maitre de mon avenir, d’autant plus que, je l’appris le jour même de la bouche de mon père, il avait signé un contrat à ma place, la majorité en Egypte n’étant qu’à 21 ans. Ainsi, j’allais devoir quitter ma famille, ma ville, mon lycée, mes amis pour jouer au foot, alors que mon rêve était de continuer le théâtre et d’en faire peut-être mon futur métier.
15 jours plus tard je débarquai à Manchester, accompagné de mon père. On m’attribua un appartement de 4 pièces à proximité du stade d’entrainement, à moi, à un gamin de 18 ans.
A partir de là, chaque jour, entrainement de foot, le samedi ou le dimanche, match à Manchester ou dans une autre ville. Ne faire que du foot, ne parler que de foot, n’assister qu’à des matchs de foot. J’en eus rapidement tellement marre que je devins quasiment schizophrène. Certes, je jouais et marquais beaucoup de buts, mais je décidai de rompre avec l’esprit de « footeux » : j’allais montrer à tous que ce qui m’importait dans la vie était le contact humain, le respect de l’autre.
Petit à petit je remarquais les effets de mon attitude. Un nouvel état d’esprit sembla s’instaurer sur les terrains où je jouais, une sorte de sérénité, de respect, d’honnêteté vis-à-vis des l’arbitre, des adversaires, du public.
De plus, last but not least, je parvins à m’intéresser de nouveau à la littérature. Puisque j’étais en Angleterre, je me plongeai dans Shakespeare quand le foot me laissait un peu de répit. Par la suite mes séjours en Espagne, puis en France me donnèrent l’occasion de découvrir des auteurs comme Garcia Lorca ou Molière.
Récemment j’ai été contacté par Steven Spielberg qui me propose de tourner un film. Je n’en connais ni le sujet ni la date mais j’en bous déjà d’impatience. Vivement demain !