Bouts rimés
Un jour j’aurai un château et une piscine,
Songeait Alberto, allongé dans son grenier
Où il vivait au-dessus d’un escalier,
Attendant le succès en fumant des glycines.
Poète et musicien, il combattait l’écueil
De la rim’ capricieuse et des rifs de guitare,
Des méchants éditeurs, cette band’ de bâtards,
Et des producteurs qui rejetaient ses recueils.
Ô destinée cruelle ! J’en ai plein les mollets,
Gémissait Alberto en mangeant du poulet
Sous le regard envieux de son vieil épagneul.
Mais si ça continue, cette vie de marmite,
Je changerai de voie, je me ferai ermite
Et je partirai vivre avec mon chien aïlleul.
À partir d'un inducteur: "Dans le noir"
Les plombs avaient sauté, comme on disait dans l’temps
Le frigo s’était tu, l’ordi perdait espoir,
Et, avec ou sans plombs elle était dans le noir.
Plus d’électricité, un suspense haletant :
Comment se débrouiller dans un monde si sombre,
Comment envisager la vie sans EDF ?
D’un paquet de bougies elle devint la cheffe
Et dans son studio se déplaça comme une ombre.
Un peu d’obscurité l’aidait à réfléchir,
À retrouver en elle ses peines et plaisirs.
Elle en profita pour prendre une décision :
À la lueur de la bougie il parut clair
Qu’elle allait partir, tout quitter en un éclair,
Abandonner d’un coup son mec et son patron.