Atelier d'écriture

L’atelier d’écriture est l’occasion de jouer avec les mots, de faire entendre sa voix, d’écouter celle des autres, de se découvrir. C’est avant tout une expérience ludique, le plaisir de réaliser quelque chose et de le partager. À chaque séance l’animatrice propose de nouvelles consignes, qui servent de point de départ à l’écriture. Cette règle du jeu, par son aspect contraignant, permet de libérer l’imagination. On n’est plus devant une inquiétante page blanche, mais devant une proposition d’écriture, qu’on pourra à son gré suivre de près ou subvertir discrètement. C’est ce qui fait tout le sel de la lecture des textes : on se rend compte que chaque participant a traité la consigne de façon personnelle, provoquant la surprise, le rire ou l’émotion. Les échanges, qui se font dans un esprit curieux et bienveillant, permettent à chacun de prendre du recul sur son propre texte.

Quelques textes du 1er lundi


Lettre de motivation et réponse du recruteur 


Réparateur de moral


Je me permets de présenter ma candidature auprès de vous, Monsieur le Ministre de la Santé.

En effet, bien qu’aucune annonce n’ait été publiée à ce sujet, il me parait indispensable de s’attaquer à un problème que l’actualité sanitaire nous impose.
La pandémie qui envahit notre monde menace non seulement la vie de nombre d’entre nous, mais aussi remet en cause l’emploi, la vie en société et ses rapports sociaux et humains. Que des mesures logiques soient prises pour essayer d’éviter la propagation de cette épidémie diabolique, cela parait en effet évident.
Toutefois, un aspect des choses devrait peut-être faire l’objet d’une étude approfondie : l’impact sur le moral des personnes. Chacun doit trouver en soi les armes psychologiques pour se protéger des effets dévastateurs de la perte de moral.
C’est pourquoi je vous propose ma candidature pour mettre en place une unité présente sur tout le territoire afin d’aider les personnes psychologiquement fragiles à recouvrer la confiance en soi.
Cela pourrait prendre la forme de cours collectifs ou particuliers pour montrer à chacun de quelles ressources il dispose sans le savoir vraiment. 
Ma formation de colonel à la retraite, spécialiste du regain de moral des troupes en guerre dans différentes parties du monde est une garantie pour ma candidature.
Il va de soi que je ne demande aucune rémunération et que je ne mènerais cette mission que pour servir mon pays.
Dans l’espoir de recevoir une réponse positive à ma demande, je vous prie de croire, Monsieur le Ministre à l’expression de mon plus profond respect.

Patrice

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Cher monsieur,

Nous avons bien reçu votre lettre de candidature pour créer une unité de réparation de moral, suite à l’absence d’annonce à ce sujet.
Nous vous savons gré de votre altruisme et de votre désintéressement.
Malgré tout, votre expérience ne nous parait pas correspondre à un tel objectif. Les soldats de retour du front sont nombreux à souffrir de stress post-traumatique, dont la prise en charge requiert plus de soins que de cours collectifs. De plus, nous manquons de locaux pour créer une nouvelle instance de suivi de la pandémie, étant donné le nombre important de celles existantes.
En conséquence, nous regrettons de ne pouvoir donner suie à votre candidature pour le moment.
Néanmoins, nous réfléchissons à votre proposition et aux moyens de faire appel à votre compétence dans un autre contexte. Nous vous écrirons.
Avec nos salutations les plus cordiales, pour le Ministre de la Santé.

Marie-Christine


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Jules Plantin 83 avenue Docteur Arnold Netter
75012 Paris

Association de Pétanque de Saint-Mandé

Monsieur le Président,

Je me présente rapidement avant de postuler l'emploi de médiateur de parties de boules, proposé sur le Bulletin municipal de Saint-Mandé. 
Je m'appelle Jules Plantin, demeure à la lisière de Saint-Mandé et fréquente depuis 27 ans les allées du sous-bois qui abrite le glorieux Club de votre Association.
Sans être assidu dans la pratique de ce sport, les années m'ont appris autant les règles de cet art noble qu'est la pétanque que les sources de conflit qui occurrent immanquablement lors de compétitions.
Tout d'abord, sachez que mon métier de couturier m'a donné une haute expertise des mesures et, croyez-moi, savoir si c'est la boule de Monsieur Plic ou celle de madame Ploc qui tient le point, est d'une grande facilité pour moi.
Par ailleurs, les contestations nées de pied hors de la zone de jeu, des paroles proférées au moment de tirs décisifs quant à la victoire ou encore des menaces larvées, s'éteignent devant des arguments que je suis à même de vite énoncer.
Enfin, si j'exerce un métier artistique, je n'en possède pas moins une autorité naturelle qui a fait ses preuves. 
Aussi j'espère vous avoir convaincu et espère rencontrer une approbation de votre part quant à l'attribution de ce poste de médiateur.
Veuillez croire, Monsieur le Président, en mes sentiments dévoués.

Jules Plantin (Jacques-André)


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Réponse à la lettre postulant un emploi de chef d'orchestre de chats tapageurs

Monsieur,

Votre lettre postulant l'emploi destiné à apaiser les nuits de la résidence, troublée par des chats, a retenu toute notre attention.
Nous ne sommes pas certains, au sein du Conseil syndical, que la palette musicale annoncée, corresponde aux besoins exprimés. Si vous talents de chef d'orchestre ne sont pas mis en cause, il n'est pas certain de pouvoir faire miauler les chats incriminés aussi bien la Marseillaise que les chansons paillardes ou autre Boléro de Ravel. Sans parler de l'accueil à recevoir de la part de nos copropriétaires.
Ceci demande une maîtrise musicale sûre déjà avec des choristes qu'il est parfois difficile de faire s'accorder. Alors, quant aux chats !...nous ne sommes pas convaincus qu'une meute de matous se mette à l'unisson.
Cependant, l'idée vaut d'être tentée tant le désagrément va croissant, sans parler des périodes chaudes de nos chers félins. 
Aussi, vous suggérons-nous une séance d'essai (vos frais seront remboursés selon tarif en vigueur), qui pourrait se faire, pourquoi pas ?, sur l'air du Carnaval des animaux.
Nous vous laissons le temps de la réflexion et, dans le cas d'un assentiment de votre part, le temps de la mise en musique. 
Veuillez agréer, Monsieur, l'expression de nos sentiments les meilleurs.

Tom Égéry 
Président du Conseil syndical
(Jacques-André)

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Educateur spécialisé pour moustiques femelles

Madame, Monsieur,

Vous recherchez une personne capable d'enseigner à vos moustiques comment piquer les humains de façon juste et proportionnée, afin de rendre leur séjour dans votre maison d'hôtes plus agréable. Je suis la mieux placée pour assumer cette mission, tant pas ma formation que pas mon expérience personnelle et professionnelle.
Titulaire d'un BEP en Education Spécialisée des Insectes, option "Taons, moustique et autre piqueurs ailés", j'ai travaillé pendant trois ans à la piscine municipale de Saint-Pierre-sur-Argens. A cause de la rivière Argens, la zone était infestée de moustiques particulièrement assoiffés de sang. Les baigneurs étaient constellés de boutons rougeoyants, il y a eu des commentaires acerbes sur le site de la piscine, qui était à deux doigts de fermer. C'est là que je suis intervenue.
J'ai réuni toutes les moustiques autour d'une sangria, pour faire connaissance, entendre leurs besoins et exposer nos demandes. Les moustiques exigeaient une ration sanguine quotidienne pour nourrir leurs petits, ce qui est compréhensible. mais elles ont accepté de revoir leur organisation, pour arriver à une situation "win-win": piquer chacune un humain par vingt-quatre heures, pas plus de cinq fois d'affilée, et lui laisser ensuite deux jours de récupération. Nous avons préparé ensemble un tableau à double entrée, pour répartir équitablement humains et moustiques.
Forte de ce succès, j'ai ensuite résolu le même problème à l'hôtel de l'étang de Sainte-Marie-sur-l'eau-stagnante, puis à Pouilloux-sur-mer. Je suis par conséquent fin prête pour vous aider à apaiser la situation de votre maison d'hôtes La Rivière Scintillante, en rétablissant une communication harmonieuse entre humains et moustiques.
Dans l'attente de votre réponse, que j'espère positive, je vous souhaite calme et zénitude. Bien cordialement,

Alice Picon (Vanessa)


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Réponse à « chercheur de pages »

Votre courrier m’a passionné, je me dois de le reconnaitre. 
J’ai été chargé par mon supérieur hiérarchique de me mettre en quête d’un chercheur de pages.
Quand cette tâche m’a été confiée, j’avoue ne pas en avoir immédiatement saisi le sens profond.
Votre candidature est la première à laquelle je m’attelle et, je le reconnais, dès le début, j’ai été envoûté par son contenu.
M’étant fait expliquer en détail le sens profond de ma mission, j’ai compris enfin qu’il s’agissait d’aller chercher dans les différentes bibliothèques mondiales les références culturelles, sémantiques, philosophiques se rapportant aux nombreuses religions. 
Votre appétence me parait tout à fait appropriée pour mener à bien cette tâche. Seriez-vous prête à parcourir le monde pendant plusieurs années et à affronter les différentes coutumes locales ainsi que les langues concernées ? En effet, ce poste nécessite de maitriser au moins les langues suivantes : hébreu, arabe, russe, allemand, espagnol et anglais. Est-ce votre cas ? Dans l’affirmative, votre candidature pourrait être acceptée rapidement après un entretien dans mon bureau.
Bien cordialement,

Patrice



Si j'avais su...


Si j'avais su, je serais entré dans les ordres
j'aurais enfin connu une vie retirée de ce monde où il faut de plus en plus avancer masqué 
j'aurais connu une vraie fraternité, entonné des chants emplis de ferveur
j'aurais pu échanger par le silence
j'aurais pu lire et relire les Saintes Évangiles et l'Ancien Testament, sources de connaissance holistique
j'aurais porté simples sandales de cuir et bure rêche, sans devoir courir les soldes
j'aurais peut-être eu la chance d'être nommé à l'Abbaye du Thoronet – mais je ne pêcherais pas par envie  
j'aurais pu connaître le Saint-Père lors d'un voyage à Rome ou lors d'une de ses visites à l'abbaye.
Oui, si j'avais su, j'aurais fait cela. Mais... me manque la Foi.

Jacques-André


Je ne sais pas quoi répondre à cela. Si j’avais su…. ?
Cela signifierait que je regrette ce que j’ai pu penser, ce qu’au bout du compte j’ai fait, et être dans le regret, voire dans le remords.
Le temps n’est pas venu pour moi d’imaginer une autre manière d’être. On est ce qu’on est. On peut, certes, s’améliorer, s’éduquer mieux et plus profondément, bien se mettre en tête que l’on est pas seul dans la vie, mais au fond, l’esprit et le corps « sont nous », « sont à nous ». Il faut juste s’efforcer de parcourir notre personnalité pour l’adapter au monde, à notre environnement humain et géographique. 
Je ne peux pas dire « si j’avais su ». Cela impliquerait-il que j’aie fait des choses pensées et exécutées sans m’en rendre compte ? 
Certes, quand on est un enfant, on ne peut pas tout prendre en compte et on agit dans l’innocence et l’insouciance. En tant qu’adulte, on ne peut pas se mettre à regretter les actes et les pensées passées. Il faut assumer. 
Donc j’ai su et agi en fonction de ma personnalité. Ainsi va la vie… 

Patrice